Voyage des 1re S1 dans le Cotentin Mai 2013

(actualisé le ) par Labo SVT

Les élèves de la Première S1, accompagnés par quatre de leurs professeurs (un de français, un d’histoire-géographie et deux de sciences de la vie de la Terre), ont passé trois jours et deux nuits dans le Cotentin.

Les maisons traditionnelles du Cotentin sont constituées de murs granitiques et de toits d’ardoise... Des ressources locales ?

Entre les sessions de révisions des épreuves anticipées de français et d’histoire-géographie au baccalauréat, une sortie de géologie sur le terrain a permis, en trois arrêts, de reconstituer les grands traits de l’histoire géologique de la région.

Arrêt 1 : à la pointe dite de Jardeheu, on observe des granites gris et rose.

Des filons de granite rose recoupent le granite gris, ce qui signifie que la mise en place du granite gris est antérieure à celle du granite rose. Ces deux granites sont aujourd’hui à l’affleurement - c’est-à-dire visibles en surface -, or ce sont des roches plutoniques (issues du refroidissement lent d’un magma), donc il y avait auparavant un massif rocheux qui a permis aux magmas granitiques de refroidir en profondeur. C’est par conséquent une phase intense d’érosion qui a déblayé toutes les roches qui se trouvaient au-dessus d’eux.

Le granite rose est dit porphyroïde : on observe dans sa texture d’énormes cristaux de quartz, qui témoignent de conditions de cristallisation très favorables, à cet endroit au moins.

Arrêt 2 : à la baie d’Ecalgrain (nez de Jobourg), on observe, émergeant du sable de la plage, des schistes, c’est-à-dire des roches sédimentaires se débitant en feuillets. Ces schistes, communément appelés ardoises, sont plissés : cette photo est prise approximativement dans l’axe d’un synclinal. La présence de ces roches (au-dessus du granite gris) signifie que le granite gris, une fois parvenu à l’affleurement (phase d’érosion) a été recouvert par la mer (transgression) dans laquelle des sédiments se sont déposés, suffisamment longtemps pour que les premiers déposés soient soumis à une forte pression, de roches et d’eau. Cette forte pression, ainsi que des contraintes tectoniques, ont provoqué la schistosité et le plissement de ces sédiments. Puis les eaux sont parties (régression) et l’érosion a mis à nu ces schistes plissés.

Le terrain n’est pas que géologique : le port tourmenté de cet arbre montre l’importance que peut avoir un élément de l’environnement (en l’occurrence ici le vent) sur le phénotype d’un organisme vivant.

Arrêt 3 : à Sciotot (près de Flamanville), on observe un contact entre les schistes et le granite rose. Au niveau de ce contact, les schistes résistent aux attaques du marteau : ils ont été métamorphisés par la très forte chaleur du magma granitique au moment de son intrusion. On ne parle alors plus de schistes, mais de cornéennes. Ces cornéennes prouvent que les schistes sont antérieurs à la mise en place du granite rose, et qu’il n’étaient pas encore à l’affleurement au moment où le granite rose a cristallisé.